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Interview Villanova

Le duo Villanova est une des grosses révélations française en matière de musique électronique. Ils seront le vendredi 26 juillet prochain au festival Résonance d’Avignon, c’était l’occase donc pour nous de leur poser quelques question.

Retrouvez toutes les infos du festival Résonance ici.

Bonjour « Adri » et « Marc-An ». On sait que vous venez de Marseille, que vous êtes visiblement de la génération « 86 » ou pas loin (des références au Hit Machine et à la Star’Ac) mais on sait jamais vraiment si vous plaisantez ou pas. Pouvez-vous donc nous dire un peu comment vous avez grandi, dans quel coin, comment vous étiez plus jeune, à l’école, tout ça…

Adrien : J’ai passé toute mon enfance à Marseille et la plupart de mes vacances aux alentours d’Ajaccio.Aucune éducation musicale si ce n’est du pipo à l’école. J’étais plutôt branché arts plastiques. Corse et meneur de nature j’avais une ascendance naturelle sur mes camarades qui m’accompagnaient sans rechigner en heures de colle au collège. Ce n’est qu’au lycée que j’ai redressé la barre et obtenu mon bac ES avec mention. J’ai eu un déclic, je me suis découvert une passion pour les études et tout ce qui touchait au savoir. Dans un lycée catholique des beaux quartiers de Marseille, je ressentais un malin plaisir à être dans les premiers de la classe tout en étant recouvert de tatouages. Mais un tour en école de commerce m’a fait comprendre que je n’avais rien a faire dans une usine a formater des cerveaux et j’ai fais mes valises pour St-Barth puis New York acceptant le poste de dj-résident au sein de la maison Nikki Beach.Passé par la case St-Tropez, où j’ai rencontré Marco, j’ai réussi à me faire un beau carnet d’adresse m’amenant a jouer aux quatre coins du monde… des Maldives au Japon en passant par la Brésil et même le Pakistan. J’ai voyagé pendant 5 ans et me suis rempli la tête jusqu’à plus soif et puis j’ai tout arrêté parce que malgrès l’argent et le confort de vie j’étais littéralement triste de voir que je devenais un jukebox pour milliardaires qui ne pigeaient rien à la bonne musique. Il était temps pour moi de bâtir une carrière, un projet.

Marco : une enfance paisible dans le trou du cul du Var, rythmé par de belles leçons de pianos et des sessions de funboard… À l’école? À certains moment je pouvais paraitre un peu en retrait à relever des accords d’un morceaux d’Otis Redding alors que mes potes écoutaient les hits radios du moment, ce qui me fait en fait passer a l’heure actuelle comme un zombie n’ayant pas vécu sur la même planète que les autres. Car lorsque une assemblée entière se retrouve plongée dans une nostalgie profonde parce qu’un hit des années 2000 leur est rappelé par le couvreur de silence du troquet du coin, tu te sens très bizarre de ne pas en connaitre les paroles… ou même l’air (j’écoutais en fait à cette époque la musique de gens morts qui avaient trop abusé sur les mélanges bières-vin et autres trucs pas cool pour la longévité).

Quand on est dans le sud, et on sait de quoi on parle, il faut pas mal aller chercher la passion pour la musique, c’est un peu moins évident qu’elle vienne à nous. Est ce que vous alliez voir des concerts avec vos parents ou entre potes, est ce que vous pratiquiez vous-même d’un instrument en école de musique, est ce que matiez les clips à la TV, bref, quels ont été vos premiers émois musicaux en tant qu’ado ?

A : J’ai eu la chance d’avoir un grand frère dj qui s’est rapidement occupé de mon éducation musicale. C’est lui qui m’a trainé dans les magasins de disque de Marseille dont celui de Jack de Marseille rue d’Italie. J’avais 15 ans à l’époque et je garde un souvenir ému des œuvres de Kevin Yost, Kerri Chandler et autre sorties Naked Music par exemple. À 17 ans je rentre de plein pied dans la période électro-clash et je décroche une résidence dans le bar de mon même grand frère où règneront en maitres dans mes sets Blackstrobe,The Hacker et Dj Hell d’un coté et toute la scène allemande Playhouse etc. de l’autre.Niveau concert mon premier fût celui des Worlds Appart… pas franchement pointu.

M : comme tu peux le deviner, je ne matais pas de clips. Pas de MTV pour moi. Je crois que je n’en connaissais même pas l’existence. En ce qui concerne les concerts que j’ai pu aller voir étant très jeune, c’est assez cocasse. Dave et C Jerome ont joué sur la place en face de chez moi dans mon village, j’ai maté la gig de la fenêtre de ma chambre. Ados, le groupe Headhunters m’a carrément marqué. C’était le projet d’Herbie Hancock au moment ou il a découvert les femmes et la vie. On peut y retrouver Jaco Pastorius que j’admire énormément même si il a été con de provoquer un videur étant donné sa carrure inadéquate. RIP.

Adri, le nom de Villanova est en référence à ton arrière grand-mère qui t’a toujours défendu dans tes choix. Est ce qu’aujourd’hui, un an après vos réels débuts, vous vous sentez rassurés dans votre choix de vous lancer comme ça dans la musique ?

A : Je n’ai jamais douté une seule seconde de la viabilité de notre projet. Comme je le dis souvent, sous nos airs de petits cons, Marco et moi sommes de vrais bosseurs, sérieux dans notre travail et avec une volonté de faire de fer (je viens de la trouver celle la !) A partir de là il n’y avait pas de raisons que ça ne fonctionne pas. Ce projet c’est tout ce qu’on a. C’est notre job à plein temps, on ne le fait pas le week-end ou le soir après le travail.

Est-ce que vous gardez le contact avec vos potes d’enfance, ou est ce que dans le milieu musical on se fait de nouveaux potes grâce au dénominateur commun «musique « (attention on parle de vrais potes, pas d’amitié éphémère comme c’est le cas dans la nuit hein) ?

 A : J’ai gardé le contact avec mon seul meilleur ami marseillais qui a aujourd’hui 43 ans. C’est un chef d’entreprise brillant, il ne comprends pas ma musique et c’est très bien comme ça. Je ne vois aucun ami d’école et les autres faits sur le tard avec qui nous partons en vacances en ce moment même ne partagent pas non plus ma passion pour la musique à l’exception d’Agoria qui est devenu un ami proche.

M : Les mecs qui perçoivent la musique comme moi sont ou deviennent obligatoirement de très bons potes avec qui je peux aller loin. Je parle des gens inondés par ce qui les anime malgrès eux.

Vous semblez souvent blaguer. Vous vous situeriez où niveau humour (noir, débile, quenelle…) ? Tout ça pour en venir au fait : est-ce important de ne pas se prendre au sérieux dans un milieu où tout est marqueté  où l’artiste est un produit, où la communication est omniprésente et hyper importante ?

A : Avec Marco on a le même humour. On aime tout ce qui dérange. Je pense que c’est un trait du duo important qui apporte cohésion et plaisir de travail. On arrive à envoyer des morceaux à Sven Väth tout en se tordant quand l’autre pète. C’est un peu la définition du bonheur non ?

M : Nous ne blaguons pas dans le but de plaire. C est trop sacré pour ça.

On vous cite souvent comment étant influencés ou du moins faisant partie d’une vague house formée par des Maceo Plex, Tensnake… Même si vous dites ne pas vouloir tendre vers tel ou tel artiste en créant vos morceaux, quels seraient ceux vers qui vous aimeriez vous approcher (à défaut de nous dire ceux vers qui vous voudriez plutôt éviter de vous approcher) ?

A : J’aimerai m’approcher de gens sympa comme on a fait avec Agoria ou Laurent Garnier. Tu peux être le plus grand producteur si humainement ça coince ça ne sert à rien d’essayer quoi que ce soit. On a rencontré Tensnake à Miami pour son anniversaire, on ne joue aucun de ses morceaux dans nos dj sets en ce moment mais le mec est cool on le respecte énormement. Le dernier avec qui on a bien accroché c’est James Teej avec qui j’aimerais beaucoup faire une collab notamment avec sa voix que je trouve mortelle…. et je sais que ça se fera.

M : J’aimerai m’approcher de Morgan Geist de Metro Area pour lui faire un gros câlin. Sérieuement, ces mecs n’ont fait qu’un album,je sais pas, c est très personnel mais, ça a été une telle prise de parole ,d’une efficacité suprême.

Vous allez venir jouer au festival Résonance fin juillet prochain, à Avignon. Vous êtes déjà venu dans cette ville, et plus largement vous avez déjà joué dans votre sud-est natal ?

A : On a déjà joué à Marseille, Aix en Provence, Nice, Cannes et à Calvi mais jamais venus à Avignon. Le festival Résonance a une telle réputation et un niveau de classe tellement haut que c’est la grosse date que j’attends du mois de juillet avec le Space a Ibiza le lendemain.

M : j ai déposé un très bon bassiste à la gare d’Avignon il y a 3 ans .Très belle cité.

Comment est ce que vous vous équipez en musique, dans le sens discographique ? Est ce que vous trainez sur des blogs, lisez la presse, passez des nuits sur Beatport & co. ?

A :Faut dire qu’on ne joue que très rarement en dj sets.Toute la musique qu’on écoute  vient essentiellement des promos que l’on rçcoit. Sinon j’écoute pas mal de choses sur Youtube, des vieilleries que je vais acheter ensuite sur Beatport. On n’est pas trop du genre à jouer 2h d’exclu…

M : De manière régulière, je tombe sur une bombe.Actuelle ou non. Je passe mes nuits a l’écouter, pour le comprendre.

Comment abordez-vous un live par rapport à un dj-set ? Bien que les deux soient très différents, la démarche n’est quand même pas la même.

M : tu est en croisade l’orque tu joues en live.Tu ne fais que tes morceaux qui pour la plupart sont méconnus du public puisque pas sortis (dans notre cas). Je pense qu’on aborde du coup les dj-set comme une récré où l’on passe les tracks qu’on aime.

A : C’est exactement ça.

 Avez-vous un peu de promo à placer, un EP, une actualité spéciale ? C’est le moment.

A : L’été pour nous c ‘est la saison des remixs.On sort un remix de Jäger sur Be Free rec « Behind A Smile », c’est un artiste italien qu’on aime beaucoup. Ensuite un maxi sur Denote Sleaz vs Villanova , ils remixent notre morceau « Take You » on s’occupe de leur morceau  « Body Oil » première fois qu’on utilise une 303… Puis fin août sort notre remix d’Agoria « For One Hour » sur Rebirth aux cotés de Michal Mayer et enfin sur Form notre remix de Soliman « Can’t Dance ».

Le 2 septembre on sort notre deuxième Ep « Physique Bell » sur le label canadien My Favorite Robot.  3 titres qu’on joue déjà en live avec les remixs de HearThuG et Kiki

 Pour terminer, petite playlist Villanova, pouvez-vous nous compiler quelques uns des morceaux qui resteront à jamais dans votre top-10.

– Gil Scott Heron-The revolution will not be televised

– Miles Davis-Round Midnignt(live at the Plugged Nicked)

– Laurent Garnier – The man With The Red Face

– Herbie hancock – Actual Proof

– Isolée – Taktell

– Sleaz – Key Of Love

– Âme – Rej

– Konrad Black – Reversal Ghost

– Christophe – Les mots bleus

– Metro Area-Dance reaction

Villanova sur Facebook ici et sur Soundcloud ici

Mots clés:avignon, deep-house, dj, france, house, interview, résonance, villanova

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