Aller au contenu

ITW: Violaine SCHUTZ, l’ atTRAXion

Violaine Schutz taffe chez Trax, notre mag’ favori, et a bien voulue se preter à une interview, une fois n’est pas coutume.

Ezella – Quel est le groupe qui vous a le plus marqué lors de vos reportages, aussi bien au niveau de la personnalité que du cadre?

Violaine Schutz: Chan Marshall pour sa personnalité, sa façon d’être terriblement elle-même, en dehors de l’exercice promotionnel et puis c’était à Istanbul, la première fois pour elle et moi. Squarepusher, parce qu’il déteste les interviews, et ça se sent, du coup la pression était intense pendant notre rencontre à Londres. Récemment, j’ai été marquée par un voyage à Manchester pour interviewer les Anglais Klaxons, car j’ai failli me faire étrangler en me rendant dans une rave au fin fond de la banlieue nord de la ville…Je croyais que Manchester était une ville ultra cool avec des types en baggy partout chantant Halleluyah, je me suis retrouvée dans un vrai coupe gorge où un unijambiste a essayé de me frapper!

E – Depuis quand êtes vous journaliste chez Trax?

VS: Deux ans à peu près, je crois, mais quand on aime, on ne compte pas !

E – Quelle relation entretenez-vous avec la musique, maintenant que vous êtes au cœur de l’actualité? Etes vous aussi passionnée qu’à vos débuts?

VS:Je suis tombée dedans quand j’étais toute petite. Comme Obélix dans la marmite de potion magique. Si mes parents avaient été agriculteurs, il se pourrait en ce moment même que je sois en train de traire des vaches, mais ils étaient fans de new-wave, de pop et d’électro. Ils aimaient un tas de trucs comme Glenn Branca, Joy Division, Michael Nyman ou Kraftwerk. Du coup, ça a été du conditionnement total. Vraiment pas glorieux ! Ma révolte contre ce bon goût parental flagrant, ma crise d’adolescence musicale, ça a été d’écouter des trucs comme Cheap Trick, Smashing Pumpkins, Nirvana, Mudhoney ou Hole à 13 ans…qu’ils trouvaient épouvantables. Le seul truc sur lequel on était à peu près d’accord à cette période avec mon père c’étaient les débuts du trip hop, Massive Attack et Tricky, sinon, il trouvait que Björk (mon idole d’adolescence) était une sacrée gueularde. Ensuite, je suis passée par tout un tas de phases, comme quand ado, on change de couleurs de cheveux : il y a une période goth, une pop 60’s, une jazz, une autre techno hardcore…Enfin, tout n’est pas avouable. Mais la passion a toujours été là, pour chaque disque aimé. Parfois, comme la musique est devenue un travail, elle prend des connotations moins légères, plus professionnelles, ce qui lui enlève son côté « art du divertissement », et alors, dans ces moments là, j’ai besoin de silence : je coupe tout, la chaîne, la télé, j’arrête les concerts…mais c’est rare. Je crois que l’année dernière, ça ne m’est pas arrivé.

E – Continuez-vous à sortir en club ou pub entre ami, dans un cadre personnel, ou vous contentez-vous de d’assister aux événements ou le magasine est conviée?

VS:En fait, je passe très souvent des disques, donc c’est encore professionnel, et je sors tous les soirs. Mais bien sûr que je sors dans des soirées où je ne suis pas invitée et que je paye encore des places de concert. Hey, je ne suis pas Paris Hilton quand même !

E – J’ai remarqué en re-potassant mes anciens exemplaires de Trax que vous écriviez majoritairement sur des groupes pop-rock (poni hoax, klaxons, phoenix…) est-ce dû à un héritage culturel essentiellement basé sur les cordes, ou est-ce votre style musical le plus à même de vous transcendez lors de l’écriture?

VS:Bonne remarque, mais qu’à moitié vraie, j’écris aussi sur des trucs d’électronica, et je chronique souvent des disques issus de tous les styles (qui étaient avant classés dans Aliens), mais pour les longs papiers, je préfère en effet parler de ce que je connais le mieux. Et je n’ai pas passé mon adolescence dans les rave. Mais je tiens à préciser que j’écris très rarement sur le rock dans Trax (plus dans d’autres mags pour lesquels j’écris en fait) et que je ne suis pas une fille rock’n’roll du tout. Sans dec, j’ai une épiphone sur laquelle je n’arrive pas à enchainer deux accords correctement, je bois beaucoup de thé et de coca light, je dors dans des lits à fleurs, j’adore les pyjamas parties, je cuisine, je lis des vieux classiques genre Maupassant ou Nerval jusqu’à 1 du mat quand je ne suis pas en club, j’aime Billie Holiday et Brian Wilson….En gros, je suis plus critique que rock, dans l’expression « rock critic ». Et puis, en réalité, j’aime autant les musiques électroniques que le rock. Je ne pourrais jamais choisir entre les deux.

E – Pouvez-vous nous présenter (sommairement) l’équipe de Trax. Moyenne d’âge, ambiance etc…

VS:D’abord, je précise que je suis pigiste régulière (j’écris pour Trax tous les mois) mais je ne suis pas au bureau du mag tous les jours, la rédac permanente se compose exclusivement d’hommes…mais quels hommes !
– Le chef : il fait des éditos de malheur et porte les plus belles chemises. Il a aussi une très bonne descente…Bref c’est un peu mon héros.
– Le sous-chef : il aime bien les blagues en dessous de la ceinture, et sous ses airs de tyran, c’est un vrai gentil. En plus, il écoute les Pet Shop Boys !
– Le Mr de la pub : Il est du côté obscur des puissances de l’argent, mais adore vraiment la musique de club (et le club tout court). Sans lui, Trax n’existerait pas, tout est dit !
– Le DA : Il est belge et italien, en gros, c’est le sex symbole de la rédac…Et puis il connaît les Polyphonic Size.
– Le SR : C’est un philosophe à moustache, et un clubbeur-penseur…toujours très calme à la rédac, beaucoup moins en soirée. Certains dancefloors doivent encore s’en souvenir !

E – A notre tour de vous « culte »viewer:

_club culte : ma chambre à coucher, sinon, l’Hacienda, parce que je n’y suis jamais allée et que j’en aurais rêvée.
_Dj culte : Miss Kittin, parce que je la connais, qu’elle m’a offert un super bouquin que je suis en train de dévorer à mon dernier anniv, qu’elle est drôle, cool et rock, et que j’étais en photo à l’intérieur d’une de ces pochettes de disques…
_album culte : The Stockholm Monsters – Alma Matter, un pur trésor électro pop des années 80
_boisson culte : le mazout, mélange de coca et de pastis, il faut être d’origine marseillaise pour aimer.
_ instrument culte : la voix, c’est ce qui m’émeut le plus
_concert culte : New Order, parce j’étais petite, et parce que c’est un groupe socialement unificateur : les clubbers comme les rockeurs étaient à bloc !

E – pour finir, quel est l’article, et de manière générale le reportage que vous avez fait et dont vous êtes le plus fière?

VS:En règle générale, je ne suis pas fière, c’est un sentiment qui m’est étranger. Je suis plutôt du genre à réécrire 150 fois une phrase jusqu’à ce que les mots aient une petite musique pas trop dissonante. Mais je citerais l’article de 5 pages sur la jeune scène rock des Naast et consorts, signé avec une collègue, au moment où tout le monde les encensaient. On a réalisé une trentaine d’interviews, nous sommes rendus à plusieurs concerts pour juger « in situ » du phénomène, partagé nos points de vue, tout en essayant d’aborder les choses avec recul. Quand le papier est paru, on m’en a beaucoup parlé. Des gens de maisons de disques, des organisateurs de soirées, des journalistes, nombreux ont été ceux qui m’ont reproché mes propos…. et puis d’autres m’ont parlé de « courage ». Ca m’a fait rire, je n’ai quand même pas aider Florence Aubenas à être libérée non plus ! On a juste dit tout haut ce que plein d’autres pensaient, sans être bassement méchante. Il faut croire que ce genre de choses ne se fait plus tant que ça… ! Et ça, c’est triste. Il faudrait à ce niveau (mais à ce niveau seulement) que la presse renoue avec l’insolence des webzines et blogs, et essaie le plus possible de se détacher des considérations publicitaires (dont elle dépend hélas). Trax et les autres mags pour lesquels j’écris le font !

Merci Violaine, dont la gentillesse et la facilité d’approche sont réjouissant!!! 🙂

Retrouvez chaque mois Violaine Schutz dans Trax, ou bien surfez sur le blog de Trax

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *